79ème AGNU - Intervention de Mme Camille Petit, Ambassadrice, Représentante permanente de la France auprès de la Conférence du désarmement - "Machinerie du désarmement" (New York, 29 octobre 2024) [en]
Madame la Présidente,
La France souscrit à la déclaration de l’Union européenne et souhaiterait ajouter quelques remarques complémentaires à titre national.
Les institutions du désarmement, issues de la Session extraordinaire sur le désarmement de 1978, fournissent un cadre solide et indispensable pour progresser dans ce domaine. La France reste pleinement attachée à la Conférence du désarmement, l’unique instance multilatérale qui a permis la négociation de traités fondamentaux du désarmement, tels que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), la Convention sur l’interdiction des armes biologiques ou à toxines et leur destruction (CIABT), la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC) et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).
La France continue de croire en la pertinence de la CD comme forum essentiel pour le dialogue stratégique.
Madame la Présidente,
Malgré le contexte sécuritaire dégradé, la France reste pleinement engagée à poursuivre ses efforts pour contribuer à la revitalisation de la CD, dans la continuité des efforts entrepris depuis la présidence française de cette enceinte, afin qu’elle retrouve son rôle éminent dans la négociation de traités sur le désarmement. La CD doit continuer à travailler à un agenda positif et pragmatique de non-prolifération et de désarmement, en commençant par les sujets les plus mûrs.
La France rappelle à cet égard son attachement au lancement de négociations à la CD sur un Traité interdisant la production de matières fissiles pour les armes nucléaires (FMCT) sur la base du mandat Shannon. Un tel traité constituerait un complément essentiel aux traités de non-prolifération et de désarmement nucléaires, dont le TICE. La mise en place cette année d’organes subsidiaires de la CD, avec l’intention de les rétablir dès janvier 2025 pour assurer leur continuité, doit nous permettre d’avancer concrètement en vue d’un tel FMCT.
Par ailleurs, ma délégation a rappelé à de nombreuses reprises son attachement au principe d’inclusivité dans cette conférence. Cette année, le blocage sans précédent de 17 candidats au statut d’observateurs est inacceptable. Parmi ceux-ci figuraient 12 Etats européens dont nous constatons au quotidien, dans le cadre de notre coopération étroite, le plein engagement sur les sujets traités à la Conférence du désarmement, enceinte qu’ils financent par ailleurs, comme tous les Etats membres de l’ONU. Dans le contexte sécuritaire dégradé que nous connaissons, il est crucial pour la crédibilité et la pérennité de cette enceinte de garantir son inclusivité.
Malgré les difficultés constatées, la Conférence du désarmement reste un forum actif et indispensable. Elle héberge des débats de qualité, fondamentaux pour notre compréhension commune des sujets de désarmement. Ces débats devront se poursuivre en 2025, conformément au rapport final adopté en septembre dernier.
La Conférence du désarmement entamera ses travaux l’année prochaine sous la présidence de l’Italie, à qui nous apportons tout notre soutien, ainsi qu’aux autres présidences prévues pour l’année à venir. Nous exprimons également notre préoccupation face à l’instabilité financière des enceintes de désarmement, qui ne doit pas compromettre le multilinguisme, un pilier fondamental du multilatéralisme efficace que la France défend avec détermination, de surcroît alors que s’est tenu il y a quelques jours le sommet de la francophonie à Villers-Cotterêts.
A ce titre, je souhaite également souligner le rôle essentiel de l’Institut des Nations Unies pour la Recherche sur le Désarmement (UNIDIR) et la nécessité pour la communauté internationale d’assurer un soutien financier à cette institution qui nous permet d’avancer dans le domaine du désarmement. La France porte cette année avec l’Allemagne une résolution sur l’UNIDIR, qui témoigne de notre engagement envers cette institution.
Madame la Présidente,
La France continue de soutenir les efforts pour renforcer les enceintes du désarmement, dont la Conférence du désarmement. Nous restons engagés envers les principes de transparence et d’inclusivité essentiels pour progresser dans ce domaine. Nous appelons tous les États membres à respecter ces principes pour garantir le bon fonctionnement de cette importante instance multilatérale.
Je vous remercie, Madame la Présidente./.